Quel honneur pour moi de préfacer le tout nouveau recueil « Au–
delà du rouge » de Xavier Pierre, poète passionnant et passionné,
homme haut en couleur tant par son verbe que par ses qualités
humaines !
Dans un monde où les relations et la nature sont fortement mises à
mal, sa plume apporte apaisement aux goûteurs de poésie, tout
comme aux découvreurs de cet art ; à leur insu, un singulier lien se
tisse alors entre eux. Son regard, acéré face à notre époque, s’incarne
pleinement en conscience, dans le respect du vivant. Au fil des vers,
un baume salvateur vient calmer les tourments du lecteur et emporte
les esprits vers les contrées d’Aphrodite.
La Bretagne fait partie de lui, nourrissant son inspiration. Il la décrit
quand pointe en lui l’osmose entre ses émotions et les souvenances
des visuels engrangées depuis toutes ces années durant lesquelles il
a foulé cette terre bretonne, qu’il sillonne encore aujourd’hui.
C’est dans cette atmosphère reliant si bien les traditions humaines
aux éléments que Xavier Pierre crée, dans un état fusionnel, cette
mélodie unique avec les éléments qui l’entourent. Il nous transporte
dans son univers suprasensible, une invitation au voyage à la
Baudelaire, si je puis dire, coloré comme un tableau de Matisse, une
délectation sensorielle assurée !
Avant tout, il aime : sa terre bretonne et sa culture, les couleurs de
ses côtes, la nature et les gens, les rencontres et le partage. Cet
amour, il le versifie à l’encre de son immense sensibilité et de sa
grande soif de l’autre. Ses déclamations d’amour chantent la passion
de la femme, des femmes enluminées par les guirlandes colorées de
son savoir–dire.
Passer des heures, que dis–je des jours, à trouver le trait poétique qui
siéra au plus près la beauté du vers, voilà son credo. « La beauté d’une
harmonie » hante aussi ses nuits comme il l’a consigné si
magnifiquement dans l’un de ses poèmes. (*)
Pamphlétaire également, il dénonce toute violence faite aux plus
vulnérables dans l’indifférence et l’omerta de certaines institutions,
là où devraient danser joie et innocence. La force et la restitution de
la cruelle réalité de son texte « Mille enfances trahies » écrit, en 2000
sur la maltraitance, m’ont bouleversée et ont noyé mon regard de
larmes.
Xavier Pierre partage en compagnie d’autrui son inclination des
mots ; d’une absolue présence au monde, il traverse la vie au rythme
de ses rencontres. Il offre son temps, sans compter, même s’il est
accaparé par l’écriture et la gestion de sa maison d’édition. Ce fut
mon cas, nous nous rencontrâmes lors d’un marché de Noël, un
double cadeau me fut fait : un guide et un ami.
Son nouveau recueil « Au–delà du rouge » vous fera découvrir une
autre facette de sa créativité. Il rassemble des textes en effet miroir à
certaines toiles qui l’ont particulièrement touché, lui l’amateur
d’œuvres d’art sachant saisir l’état d’esprit d’une artiste peintre
autrefois rencontrée. Ce kaléidoscope lyrique de billets, aux airs de
clown de Colombine, nous emmène en outre de Gand à Sienne, en
passant par Athènes, loin de sa terre bretonne. Une poésie visuelle
en quelque sorte… L’unique est là, prêt à se dévoiler, en pudeur et
générosité mêlées.